Samedi 24 avril 6 24 /04 /Avr 19:40

Il claquait ses ongles inexistants contre la table de marbre, la tête appuyée sur son autre main, le regard fixé sur la pendule en face de lui. Il aurait pu être ailleurs, mais non. Il était simplement dans cette fichue salle de physique pour les quatre prochaines heures. Il savait pourtant qu'il l'avait provoqué volontairement, mais c'était plus fort que lui, sa main était partie toute seule avait-il expliqué à son proviseur. Celui-ci avait soupiré et l'avait collé quatre heures. 

 

Nicolas s'en moquait légèrement, il ne faisait rien de spécial ce mercredi. Il n'avait pas de copine ou copain avec qui passer la journée, parce-que oui aujourd'hui c'était le quatorze février. La fête des amoureux et il se haïssait dans un sens de voir sa surveillante présente. Elle aurait pu être avec son petit ami, mais comme un idiot il n'y avait pas penser. Il se décida à sortir ses affaires, autant en profiter pour s'avancer dans ses devoirs.

 

Quelques minutes plus tard, c'était Julien qui passait la porte en grognant. Il ne supportait pas les heures de colle, il trouvait que mise à part faire perdre son temps aux surveillants ça ne servait à rien. Automatiquement, les yeux de Nicolas se baissèrent. Il ne voulait pas croiser son regard. C'était plus fort que lui, quand Julien était dans les parages ça finissait toujours par exploser. 

 

 

 

- Je suis vraiment obligé d'être avec lui ? Aboya Julien

- Lui comme tu dis s'appelle Nicolas et oui tu es obligé maintenant tu t'assois et tu bosses

 

 

 

Le cœur de Nicolas se serra désagréablement, même après tout ce temps, les paroles de Julien le blessaient encore. Pourtant, il aurait dû s'y faire, mais ce n'était pas le cas. Il ne pouvait pas. C'était Julien, point final. Par moment il se demandait pourquoi n'était-il tout simplement pas transparent. Il reporta son regard sur sa dissertation : « Il faut savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire, quand on le dit, il faut avoir le courage de le faire. » de Georges Clemenceau. 

 

Bizarrement, cette citation lui rappelé un épisode de sa vie qu'il préféra ne pas faire remonter. Il s'attaqua alors à cette dissertation. Le sujet lui paraissait des plus simple, il utilisait sa propre expérience pour mettre sur papier les pensées qu'il avait. Du courage, Nicolas en avait et pas qu'un peu. Mais ce n'était pas le cas pour tout le monde. Pour preuve, Julien n'en avait presque pas. Il était peut-être le mec que tout le monde adorait c'était une vraie poule mouillée de temps à autre et ça Nicolas le savait. 

 

 

 

- Julien où vas-tu ? 

- Demander un crayon ... soupira-t-il

 

 

 

Nicolas n'y porta pas attention malgré que Julien attende devant lui les bras croisés contre son torse fin et ses yeux rivés sur la dissertation de Nicolas. Le tressé s'en moquait, Julien savait parfaitement ce que Nicolas pensait de lui. Il toussota essayant d'attirer l'attention de Nicolas mais il se doutait qu'il ne relèverait pas le regard. Nicolas savait que Julien n'avait pas peur de lui, il pensait simplement que l'ignorance était le meilleur des remèdes. Et, il n'avait pas tord, Julien détestait ça. 

 

 

 

- Oh ! S'exclama Julien

 

 

 

Aucune réponse, Julien soupira, prit un crayon et repartit à sa place. A force de trop chercher Nicolas il avait fini par récolter ce qu'il avait semé. L'ignorance. Simplement et dignement. Nicolas avait mal de cette situation mais que pouvait-il faire ? Julien le détestait, du moins c'est ce qu'il pensait. Julien ne se montrait pas vraiment affectif avec Nicolas depuis un an. Depuis leur rupture.

 

Oui, ils étaient sorties ensemble et pas qu'une fois, ou deux non, bien plus longtemps. Deux ans, jour pour jour. Ils avaient rompu l'année dernière à cette même date. Le quatorze février. Et depuis ce jour là, Julien lui faisait vivre un véritable enfer. Le cœur de Nicolas se décomposait au fur et à mesure des jours, cependant, il se disait sans cesse que si Julien ne le laissait pas tranquille c'est qu'il tenait encore un peu à lui. Peut-être que ça le rassurait plus que la normale mais que pouvait-il faire d'autre ? 

 

Prendre son courage à deux mains et lui avouer qu'il en était toujours éperdument amoureux ? Non, ça lui était tout bêtement impossible. Il avait déjà eu une poussée de courage, trois ans auparavant avouant à Julien son amour, qui heureusement était réciproque, et maintenant tout était terminé. 

 

 

 

- Je reviens, restez tranquille ! S'exclama Adela, la surveillante

 

 

 

Nicolas releva la tête, la regarda sortir et soupira. Tout juste trente minutes qu'il était ici et ça le gonflait déjà. Avouons, il n'avait même pas passé le portail du lycée qu'il s'ennuyait déjà. Julien pivota légèrement regardant Nicolas mordiller le haut de son stylo, il sourit. Il lui trouva un air de petit garçon bloquant sur un exercice de français ou mathématiques, il ne savait pas vraiment. Mais peu importait pour l'instant. La surveillante n'était plus là et c'était la première fois depuis un an qu'ils se retrouvaient uniquement tous les deux dans une salle, sans personne autour, sans oreilles indiscrètes. 

 

Il bidouilla un petit moment le crayon de Nicolas et décida qu'il était temps de jouer cartes sur table. De lui avouer la vérité comme le tressé l'avait fait deux ans plus tôt. Mais Julien n'était pas courageux et ça Nicolas le savait. Pourtant ...

 

 

 

- Je suis désolé, souffla Julien

 

 

 

Nicolas releva le regard, plongeant dans celui de Julien , il avait presque envie de se retourner pour savoir si c'était vraiment à lui qu'il s'adressait, mais il savait qu'ils n'étaient que tous les deux. Il replongea dans sa dissertation, ses excuses ? Que valait-elle au final ? 

 

 

 

- Nicolas ? Je te parle tu pourrais au moins faire semblant de m'écouter ! Grogna Julien

 

 

 

Pour seule réponse, Nicolas leva son majeur. Pourquoi l'écouter ? Au bout d'un an il se réveillait enfin et il devait l'écouter ? Après tout ce qu'il lui avait fait endurer il devait encore être à ses pieds ? C'est l'hôpital se foutant de la charité. Julien allait l'ouvrir mais fût coupé par le retour d'Adela et Nicolas la remercia silencieusement, il pouvait caché ses yeux humides. Nicolas était courageux, mais rapidement atteint par quelques mots. 

 

 

 

- Deux heures sont passées, vous pouvez prendre une pause ! Annonça-t-elle 

 

 

 

Julien n'attendit pas et sortit immédiatement. Nicolas quant à lui, posa son stylo et cambra légèrement son dos en avant. Il détestait les salles de physique, il n'y avait pas de dossiers aux tabourets. Il étira ses jambes, prit ses cigarettes dans son sac et sortit à son tour. Julien l'attendait, adossé contre le mur d'en face, le voyant arriver il bougea mais resta sur place. Que devait-il faire ? En prenant son courage à deux mains il avait voulu s'excuser auprès de Nicolas mais maintenant il ne savait plus vraiment ce qu'il devait faire. Mais le thème de dissertation de Nicolas lui revînt en tête et emboita le pas, suivant son ... bien aimé. Pouvait-il encore le nommer ainsi ?

 

 

 

- Nicolas ?

 

 

 

Nicolas lui laissa un simple regard avant de tirer sévèrement sur la cigarette qu'il venait tout juste d'allumer. Julien se donna mentalement du courage, se disant qu'après tout, qu'avait-il à perdre ? Son amour ? C'était déjà fait ... ou peut-être pas. Il ne savait plus. Il doutait de lui, une nouvelle fois. Comment avait-il pu en arriver là ? Il ne savait pas et ne voulait pas savoir au final. Il voulait juste que Nicolas le regarde. Et l'écoute. 

 

 

 

- Nicolas, tu peux au moins m'écouter ? Demanda Julien

 

 

 

Le dit Nicolas souffla, balança sa cigarette et rentra. « La roue tourne » pensa Julien, mais prit d'une seconde et dernière poussée de courage il jeta sa cigarette à peine consommée avant de courir à la poursuite de Nicolas. Arrivé à sa hauteur, il se saisit de son bras, le retourna et le plaqua dans l'angle du mur. 

 

 

 

- Mais t'es fou ? Hurla Nicolas, son dos le faisant souffrir

- Fou de toi oui !

 

 

 

Nicolas le regarda bêtement ... 

 

 

 

- Fou de moi ? Fou de moi ? Hurla-t-il en se débattant comme il le pouvait, mais Julien regarde autour de toi, regarde-toi, regarde-moi. Le plus fou de nous deux c'est moi pas toi, c'est toi qui t'es barré, c'est toi qui m'as lâché, c'est de ta faute !

- Tu crois que je ne le sais pas ?

- Alors qu'est-ce que tu viens m'emmerder sérieusement ? Qu'est-ce que tu veux savoir mmh ? Dis-moi, savoir si j'ai baisé avec tel ou tel mec ? Après tout, je ne suis qu'une petite salope qui gueule comme une chienne en chaleur !

 

 

 

Julien ne pouvait avoir réponse à cet argument. Argument faux, soyons clairs. 

 

 

 

- Tu sais très bien que c'est faux, s'exclama Julien, que je n'ai jamais pensé ça

- Pourquoi l'as-tu dit dans ce cas ?

- Je ne sais pas, souffla-t-il en baissant la tête et relâchant la prise qu'il avait sur Nicolas

- J'ai passé un an à vivre un enfer parce-que tu passais tes nerfs sur moi Julien, je n'ai jamais rien dit, je me suis toujours rassuré en me disant que dans un sens si tu m'emmerdais autant c'est que tu tenais encore à moi, et même après ça je me le dis encore, mais c'est de ta faute tout ce qui est arrivé, pourquoi je devrais te pardonner ?

 

 

 

Un silence, des milliers de questions tournaient en boucle dans l'esprit de Julien. Devait-il le lui dire ou pas ? Devrait-il laisser tomber ou pas ? Devait-il lui montrer combien il en était encore amoureux ou pas ? Des questions futiles dîtes comme ça, mais tellement vitale pour eux. Il savait que c'était à lui de faire preuve de courage. Et pas l'inverse. Il releva ses yeux  dans ceux de Nicolas ... 

 

 

 

- Parce-que je suis toujours amoureux de toi et que toi c'est pareil, dit-il en se rapprochant de Nicolas le plaquant avec douceur sur le mur cette fois-ci

 

 

 

Les yeux de Nicolas scintillaient de mille feux, il ne comptait plus, le nombre de fois où il avait voulu entendre cette phrase. Et c'est là, en voyant son regard étincelant que Julien sût qu'il avait donné la bonne réponse.

 

 

Fin

 

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Coucou,

Je commence avec un OS de Saint Valentin, petit, simple et court. 
J'espère que vous aimerez :)

A bientôt !
Nea-yaoi
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Par nea.yaoi.erog.fr
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